Catégorie : Evénements

  • Sergio Leone : Nationalité Cinéma

     

     

    En 2019, nous avons au moins trois bonnes raisons de célébrer Sergio Leone : les 90 ans de sa naissance, les 30 ans de sa disparition et les 35 ans du film considéré comme « plus grand que le cinéma », « Il était une fois en Amérique ». Retour sur la vie et l’oeuvre de l’immense réalisateur italien.

     

    Si Sergio Leone (1929-1989) n’aura réalisé en tout et pour tout que sept films durant une carrière prématurément interrompue à l’âge de 60 ans, son influence est majeure dans l’histoire du cinéma, notamment par sa relecture du western. En inventant le « Western Spaghetti » il y a 55 ans, avec « Pour une poignée de dollars » sorti en 1964, il sut donner au genre tant des couleurs européennes qu’un second souffle, et révéla du même coup la star Clint Eastwood.

    Aujourd’hui, trente ans après sa disparition, Sergio Leone est enfin reconnu, mais il a pourtant longtemps été un cinéaste très sous-estimé par l’industrie. Le mépris qui avait accueilli ses premiers westerns « Made in Italy » a ensuite fait place au profond respect qu’impose l’œuvre d’un véritable auteur ; Sergio Leone est devenu une référence incontestable, pour ses pairs, pour les cinéphiles comme pour le grand public, en ne signant que sept films qui auront marqué durablement notre imaginaire.

     

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    La route était déjà toute tracée pour Sergio Leone quand il naît le 3 janvier 1929, d’un père pionnier du cinéma italien, Vincenzo Leone, dont le nom de scène est Roberto Roberti, né le 5 août 1879 à Torella dei Lombardi, en Campanie, et mort le 9 janvier 1959 (à 79 ans) dans cette même ville, et d’une mère actrice, Edwige Valcarenghi, au pseudonyme de Bice Waleran. Premier signe du destin, ce père tutélaire réalisa le tout premier western italien, malheureusement perdu aujourd’hui, « La Vampire Indienne » sorti en 1913, avec son épouse dans le rôle-titre, le terme « vampire » désignant à l’époque une femme fatale.

    Élève effacé dans une école religieuse de Rome, Sergio se retrouve étonnamment dans la même classe que son futur compositeur fétiche, auquel ses oeuvres resteront identifiées à jamais, Ennio Morricone. Second signe du destin… Celui qui deviendra son plus proche collaborateur et ami, lui rappellera d’ailleurs cette rencontre des années plus tard, Leone l’ayant oubliée.

     

    Sergio Leone (2e en haut) et Ennio Morricone (4e en haut) enfants à l’école Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rome (Expo Sergio Leone CInémathèque Française)

     

     

    Pionnier du cinéma italien, dont il devra pourtant s’éloigner dans les années 30, du fait de son aversion profonde pour le fascisme ambiant, Roberto Roberti parvient néanmoins à ouvrir les portes du 7ème Art à son fils Sergio, dès la fin de ses études, à 18 ans. Sergio Leone entame alors une interminable première partie de carrière d’assistant-réalisateur, qui durera de 1946 à 1962, avec notamment une série d’adaptations au cinéma d’oeuvres lyriques célèbres (Rigoletto, Il trovatore, La forza del destino…), réalisées par Carmine Gallone. Leone prendra soin plus tard d’occulter ces films de son esprit comme de sa biographie officielle (et pour cause, il n’était même pas crédité au générique…), alors que ses propres films afficheront ensuite une indéniable dimension lyrique.

    Mais un film émergera pourtant de cette période, tant il marquera à tout jamais l’oeuvre de Sergio Leone. En 1948, il est assistant-réalisateur sur « Le Voleur de Bicyclette » de Vittorio De Sica. Il n’est toujours pas crédité au générique à ce titre, certes, mais fait une apparition furtive aux côtés de l’acteur Lamberto Maggiorani, en jeune séminariste s’abritant de la pluie. C’est selon Leone ce film qui sera le réel déclencheur de sa carrière.

     

    Sergio Leone (à droite, à côté de Lamberto Maggiorani) interprétant un jeune prêtre dans « Le Voleur de bicyclette » (Vittorio de Sica, 1948) (Fondazione Cineteca di Bologna)

     

     

    Dans les années 50, lorsque les Américains décentralisent la réalisation de grosses productions à Cinecitta, notamment des péplums, Sergio Leone devient l’assistant (toujours non-crédité) de Robert WiseHélène de Troie » en 1956), Fred ZinnemannAu risque de se perdre » en 1959), William WylerBen-Hur » en 1959, notamment sur la course de chars) et Robert AldrichSodome et Gomorrhe » en 1962), dont il quittera le plateau avant la fin du tournage pour cause de climat général quelque peu houleux…

    Le péplum connaît alors son âge d’or, dans les années 50 et jusqu’au tout début des 60. Et Sergio Leone y contribuera largement, mais toujours comme assistant ; dès 1949, avec « Fabiola » d’Alessandro Blasetti, puis « Quo Vadis » de Mervyn LeRoy (1951), « Prynée, Courtisane d’Orient » de Mario Bonnard (1953), qu’il retrouve en 1958 sur « L’esclave d’Orient », avant « Sous le Signe de Rome » (1959) de Guido Brignone.

    Désormais pleinement reconnu dans ce rôle d’assistant-réalisateur, Sergio Leone se voit confier la réalisation des « Derniers Jours de Pompéi », en remplacement de Mario Bonnard, malade. Il ne sera toujours pas crédité au générique, mais les compétences techniques acquises tout au long de ces seize années passées en tant qu’assistant-réalisateur lui confèrent une solide réputation et lui permettent enfin d’accéder en 1961 à sa première réalisation pleine et entière, encore un péplum, « Le Colosse de Rhodes ».

    Le cinéaste confessera plus tard avoir eu un immense plaisir à tourner ce premier film sous son propre nom. Il y fait même quelques apparitions dans certaines scènes de foule…

     

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    « Pour un Européen de son âge, les États-Unis étaient le paradis. Et pour Leone, le cinéma était encore bien plus haut que le paradis… Dans une très belle interview qu’il avait fait pour la Cinémathèque française, quelqu’un lui demandait pourquoi il ne faisait pas de films sur l’Italie, et il répondit : « peut-être que quand l’Italie sera grande comme les États-Unis, alors je ferai des films sur l’Italie ». En substance, seuls les Etats-Unis étaient assez grands pour son cinéma… Cette dimension d’enfant, de rêveur, c’est la clef pour comprendre Sergio Leone. » (Gian Luca Farinelli, Directeur de la Cinémathèque de Bologne et du Festival Il Cinema Ritrovato)

     

    Après cette adhésion au genre dominant de l’époque, le péplum, Sergio Leone va être à l’origine d’une véritable révolution… S’il n’a pas à proprement parler réalisé le premier « Western Spaghetti », considéré comme étant « Duel au Texas » de Ricardo Blasco en 1963, tombé depuis dans l’oubli, Leone enfonce malgré tout le clou l’année suivante avec le succès foudroyant de son « Pour une poignée de dollars » sorti en 1964, qui grave dans le marbre pour l’éternité les codes du genre. A noter que la musique du film est composée par un certain Dan Savio qui n’est autre qu’Ennio Morricone en personne, pour la toute première collaboration de ces deux monstres sacrés du 7ème Art.

     

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    Le Western, propriété inaliénable d’Hollywood, est alors en perte de vitesse aux Etats-Unis et se voit peu à peu supplanté par les productions « Made In Italy » ainsi que par quelques succès allemands, avec plus de 500 films réalisés sur une dizaine d’années. Cette renaissance du genre, jalousée par l’Amérique, lui vaudra ce qualificatif de « Western Spaghetti », que Leone détestait : « ce terme de Spaghetti Western, c’est un des plus cons que j’ai jamais entendu de toute ma vie ».

    Ayant tourné beaucoup de ses multiples co-réalisations « péplumiennes » en Espagne, Leone estime que les paysages de l’Almeria conviendraient parfaitement au Western. En 1963, il découvre au cinéma « Yojimbo » (« Le Garde du Corps ») d’Akira Kurosawa et décide d’en transposer le cadre du Japon médiéval à celui de l’ouest américain. Il conçoit alors le personnage de « l’homme sans nom », entre chasseur de prime et défenseur de la veuve et l’orphelin, pour lequel il trouve la parfaite incarnation en un acteur inconnu et dont il va faire une star : Clint Eastwood.

     

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    Le film remporte un immense succès international et donne lieu l’année suivante à sa suite, « Et pour quelques dollars de plus » (1965), plus sophistiqué, pour aboutir en 1966 au cultissime « Le Bon, la Brute et le Truand », sommet du western italien, avant son ultime sublimation par Leone trois ans plus tard, mais ça, c’est une autre histoire…

     

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    Mais alors, comment définir le style de Sergio Leone ? Car tout est dans le style, vous en conviendrez… Nous pourrions dire que le style inimitable de Leone, c’est d’abord un sens inné du cadrage en Techniscope (écran large), où se succèdent très gros plans et plans larges, une temporalité syncopée, qui passe de la lenteur à l’action subite, brutale, une violence assumée et une reconstitution documentée et non complaisante de cet ouest américain, localisée plus précisément sur la frontière mexicaine, comme pour y conserver des racines latines. Dans ses films, tout est chaleur et poussière, teinté de réalisme, dans des décors crasseux, des costumes élimés, des trognes, une violence omniprésente… Reflet d’une époque qui trouvera son pendant en Amérique chez Sam PeckinpahLa Horde Sauvage », 1969).

     

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    Après cette trilogie dite des « Dollars » – « Pour une poignée de dollars » (1964), « Et pour quelques dollars de plus » (1965), « Le Bon, la Brute et le Truand » (1966) – Sergio Leone se lance en 1968 dans la réalisation de son (presque…) dernier western, pour ouvrir un nouveau triptyque, « Il était une fois dans l’Ouest », un des meilleurs westerns jamais réalisés.

    Pour la première fois, il tourne aux États-Unis, dans les paysages de la Monument Valley, rebaptisée « John Ford Valley », pour rendre hommage à tous les films qu’y a tournés le vétéran américain adulé par Leone depuis toujours. « Il était une fois dans l’Ouest » est un aboutissement, une consécration, avec au générique Henry Fonda, icône absolue du western, et Charles Bronson, que pour la petite histoire, Leone ne put pas se payer sur son premier film…

     

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    Sublime film sur la corruption et la violence, fondements sur lesquels s’est construite l’Amérique, « Il était une fois dans l’Ouest » est la quintessence du cinéma de Leone. Son chef-d’œuvre absolu… Sa scène d’introduction demeure anthologique, dans son mutisme, son temps étiré et une bande son jamais égalée, où des tueurs attendent « L’Homme à l’harmonica » (Charles Bronson) à la descente du train… tout est dit. Le reste n’est que littérature.

    Le film fut cependant un échec financier cuisant à sa sortie, tant en Italie, rassasiée de westerns spaghettis, qu’aux États-Unis qui entraient dans l’ère du western post-guerre du Vietnam et par conséquent plutôt pro-indien (« Little Big Man » d’Arthur Penn en 1970, « Soldat Bleu » de Ralph Nelson en 1970 ou encore « Jeremiah Johnson » de Sydney Pollack en 1972). Seule la France fit un triomphe au film, qui fut classé 2ème au box-office derrière « La Grande Vadrouille », excusez du peu, et qui lança même la mode des longs manteaux inspirés des cache-poussières portés par les tueurs dans le film de Leone.

    Sergio Leone enchaîne sur « Il était une fois la révolution » (1972), avec un autre vétéran du western, James CoburnPat Garrett et Billy the Kid » de Peckinpah) et Rod Steiger. Leone renoue avec la veine du western mexicain, traitant de la révolution zapatiste avec un œil ironique, alors que l’Italie plonge dans les années de plomb. Il y exprime avec force son abjection pour tout mouvement révolutionnaire et s’attire encore l’ire de cette même critique qui n’aura de cesse que de l’encenser plus tard…

     

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    Nous passerons rapidement sur les deux films suivants, « Mon Nom est Personne » en 1973 et « Un génie, deux associés, une cloche » en 1975 qui ne seront que coréalisés par le Maître.

     

    « « Il était une fois en Amérique », c’est un film plus grand que le cinéma, à savoir qu’il en transcende les limites. Avec ce film, c’est un peu comme si la bataille de Waterloo nous était racontée par la cantinière ou le petit tambour… La grande histoire contée par le petit figurant. […] « Il était une fois en Amérique », c’est le plus grand film de Sergio Leone, son œuvre majeure, sur le destin d’un tout petit bonhomme qui aurait été sans Leone au huitième plan sur la photo… » (Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque Française)

     

    Puis vint l’heure de son dernier long métrage, « Il était une fois en Amérique » (1984), que certains considéreront comme son chef d’oeuvre absolu et en même temps son chant du cygne, tant ce film concentre toute la nostalgie du Maître, fondée sur une écriture achronique.

    Ultime oeuvre de Sergio Leone, intemporel testament mélancolique auquel il consacra douze années de sa vie, notamment pour préparer le scénario adapté du livre « The Hoods » de Harry Grey, le film nous fait suivre le destin de Noodle sur trois époques différentes de sa vie, régulièrement lié à trois amis dont Max et son amour inconditionnel pour Deborah qu’il a rencontrée dans sa jeunesse.

    Affichant une distribution exceptionnelle, de Robert de Niro à James Wood, en passant par Elisabeth McGovern, Jennifer Connely et Joe Pesci, le film projeté à Cannes hors compétition, est bien accueilli. Mais il est ensuite massacré par ses producteurs américains, qui réduisent les 4h11 initiales à seulement 1h30, sans tenir compte de la temporalité sur laquelle repose tout le sens du film. Et pourtant… Que dire de cette immense et magnifique fresque ? Qu’entre autres choses, ici le mot « Cinéma » prend tout son sens.

    Sergio Leone ne s’en remettra pas… Il tente de rebondir en écrivant son nouveau projet « Stalingrad », sur la grande bataille du même nom ; sujet encore épique, à sa dimension, et qui sera mené à terme des années plus tard par Jean-Jacques Annaud. Leone meurt d’une crise cardiaque en 1989, alors que le film allait entrer en préproduction.

     

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    Sergio Leone éprouvait une vraie fascination pour le cinéma américain. Rappelons qu’il était né en 29, année de la plus grande crise économique que le monde ait connu, mais aussi l’année de l’arrivée du cinéma sonore en Italie. Leone a connu l’âge d’or du cinéma hollywoodien en salle, dont il fut ensuite privé durant les années de fascisme en Italie. Il ne pouvait ainsi concevoir autre cadre à son cinéma que celui de cette Amérique fantasmée, en plan aussi large que l’étaient ses rêves d’enfant. Même s’il fut d’abord boudé, voire méprisé par l’industrie, pour être ensuite encensé, Sergio Leone réussit le tour de force de devenir avec ses films l’un des grands chroniqueurs de l’histoire américaine…

     

    En 2018, la Cinémathèque Française de Paris, en collaboration avec celle de Bologne et son commissaire Gian-Luca Farinelli, lui consacrait une exposition doublée d’une rétrospective exceptionnelle. On pouvait y suivre le parcours chronologique et initiatique de Sergio Leone, depuis la première salle consacrée à son enfance, déjà ancrée dans le cinéma, jusqu’au dernier scénario de « Stalingrad ».

    Émouvant de parcourir ce chemin dans les pas du maître, habité de grands films et de l’enthousiasme d’un homme dans sa création toujours renouvelée, qui ne voyait que par le cinéma et qui l’a finalement si bien servi. Sa vision, son traitement du temps et de l’espace demeurent toujours une influence majeure pour un Tarantino ou Clint Eastwood lui-même, dont tous les westerns émanent de Leone, dans leurs sujets et comme leurs mises en scène, mais pour bien d’autres encore.

    Émouvant de voir aussi toutes ces photos, ces dialogues entre la peinture de Goya, de Degas et ses plans de cinéma, les passerelles qu’il jeta entre Homère et le western, le parallèle avec Kurosawa… Les musiques indispensables d’Ennio Morricone (qui aura prochainement sa rétrospective à la Cinémathèque) baignent de l’atmosphère des films chacun de nos pas. Émotion encore quand on se trouve devant le poncho de Clint Eastwood, les costumes de ses deux chefs d’oeuvre « Il était une fois dans l’Ouest » et « Il était une fois en Amérique ». Il était une fois le cinéma de Sergio Leone… Monumental.

     

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    Sources : France Culture, Sens Critique, See Mag, Wikipedia

     

     

     

  • Thom Yorke sort son 3ème album solo : « Anima »

     

     

    Décidément, Thom Yorke est sur tous les fronts ces temps-ci… Alors qu’il présentait il y a quelques semaines ses premières compositions classiques en compagnie des soeurs Labèque et créait l’an dernier la bande originale hantée du « Suspiria » de Luca Guadagnino, voilà que le chanteur de Radiohead publie son troisième album solo, « Anima », le premier depuis « Tomorrow’s Modern Boxes » en 2014.

     

    Et il faut bien reconnaître que le chanteur de Radiohead n’a pas son pareil pour brouiller les pistes… L’énigme « Anima » démarrait avec une étrange affiche publicitaire assez « cryptique » qui a commencé à fleurir dans quelques villes du monde, dont Londres, affichant un slogan tout aussi mystérieux, « Avez-vous des problèmes à vous souvenir de vos rêves ? », et vous proposant d’appeler un numéro, le 07588 733 111. En composant ce numéro, vous pouviez en fait découvrir un court extrait du titre « Not The News ».

     

     

     

    C’est ensuite Thom Yorke lui-même qui annonce la parution imminente de son troisième album solo, quelques jours avant sa sortie officielle prévue le 27 juin. Il se prénomme donc « Anima ». Réalisé par son complice de toujours Nigel Godrich, le producteur historique de Radiohead, ce nouvel opus est composé de neuf titres, avec un extra bonus track présent uniquement sur la version vinyle.

    « Anima » est ainsi édité en versions CD, 2LP, « Limited Edition Orange Double Vinyl » ainsi que « Deluxe 180g Orange Double Vinyl » incluant un lyric book de 40 pages, illustré de dessins originaux de Stanley Donwood et Dr Tchock. A retrouver directement sur le record’s website

     

     

    Et dans la foulée, nous apprenions que la sortie de l’album s’accompagnait également d’un court-métrage, créé par Paul Thomas Anderson et disponible exclusivement sur Netflix le même jour que la parution du disque. Dans ce « one-reel film » d’une quinzaine de minutes, conçu comme un clip illustrant deux titres de l’album, Thom Yorke évolue à contre-courant des foules en bleu de travail, dans un décor urbain nu et crépusculaire, puis s’offre un pas de deux avec sa compagne, l’actrice italienne Dajana Roncione. Dans ce film tout aussi onirique que l’album, la présence de Thom Yorke a la saveur burlesque, fragile et bouleversante d’un Buster Keaton.

     

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  • « Space Oddity » de David Bowie fête ses 50 ans

     

     

    Avant d’être Ziggy Stardust, Aladdin Sane ou The Thin White Duke, David Bowie incarna le Major Tom en 1969 dans « Space Oddity ». A l’occasion des cinquante ans du tout premier tube du chanteur disparu il y a trois ans, un coffret de 45 tours, « Spying Through a Keyhole », a été édité chez Parlophone Records.

     

    Le coffret, qui comprend neuf démos dont deux de « Space Oddity » pour la première fois pressées en vinyle, s’intitule donc « Spying Through a Keyhole » , des mots tirés du morceau inédit « Love All Around » présent dans ce coffret.

     

    Comment Bowie imagine sa « bizarrerie spatiale »

    Des mots qui signifient également espionner par le trou de la serrure… Or, écouter ces titres permet d’entrevoir justement, par le petit bout de la lorgnette, comment David Bowie, jusque-là compositeur folk pop sans relief, est parvenu à créer sa fameuse « bizarrerie spatiale » qui allait laisser présager l’infinie étendue de son talent.

    « I see a pop tune spying through a keyhole from the other room » (« je vois une chanson pop espionner par le trou de la serrure de l’autre pièce »), chante de façon prémonitoire le jeune Bowie, âgé de 22 ans, lors de ces sessions de janvier 1969. Savait-il seulement que cette chanson pop qui viendrait à lui serait « Space Oddity » et le ferait passer dans une autre dimension ? Nul ne le sait…

     

    Neuf jours avant le premier pas sur la Lune

    Ce qui est sûr, en revanche, c’est que Bowie écrivit « Space Oddity » en référence au film de Stanley Kubrick « 2001 Odyssée de l’espace », qu’il vit plusieurs fois au cinéma lors de sa sortie un an plus tôt. Clin d’oeil du destin, il publia sa chanson le 11 juillet 1969, neuf jours avant le premier pas sur la Lune de Neil Armstrong.

     

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    La thématique de l’espace sera récurrente dans l’oeuvre de Bowie, avec des titres comme « Life on Mars » (1971) ou « Starman » (1972). Plus tard, Bowie reprendra même le personnage de Major Tom dans les singles « Ashes to Ashes » en 1980 et « Hallo Spaceboy » en 1995.

     

    Un son quelque peu saturé

    La première démo de « Space Oddity » présente dans le coffret serait la toute première version à avoir été enregistrée, suggère le label Parlophone. Sur la seconde, Bowie chante accompagné par John Hutchinson, un de ses premiers collaborateurs.

     

     

     

    Ces versions, comme les sept autres titres, souffrent parfois d’une qualité sonore relativement médiocre. « Un défaut majoritairement dû à l’enthousiasme de David, qui avait tendance à gratter avec entrain et à faire saturer le matériel d’enregistrement, mais aussi à l’équipement et au temps », est-il indiqué dans la note d’intention.

     

    Source : France Info (avril 2019)

     

     

     

  • « Toy Story », « Star Wars », « La Reine des Neiges »… Quand le cinéma vient à la rescousse de l’industrie des jouets

     

     

    Les licences de jouets s’arrachent à prix d’or et soutiennent un marché à la peine. C’est le cas par exemple des licences « Toy Story », dont le quatrième volet est sorti ce mercredi 25 juin au cinéma.

     

    Le shérif Woody, Buzz l’éclair, le dinosaure Rex ou encore Monsieur Patate sont de retour au cinéma : le quatrième opus de « Toy Story » est sorti en salle ce mercredi 26 juin. Des jouets, stars à l’écran et aussi dans les magasins… Ce nouvel épisode de la saga Pixar, aujourd’hui propriété de Disney, s’annonce comme une machine à cash, avec des licences négociées à prix d’or.

    Un fabricant français a décroché des droits pour les figurines de plus de 20 cm tirées du film. Il s’agit de Lansay, 35 salariés, qui compte sur le succès cinématographique de la saga. « On paye la licence, et on espère gagner, explique Serge Azoulay, le PDG de l’entreprise. C’est un véritable investissement. On a fait 35 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière et cette année, Toy Story devrait nous rapporter environ 15 millions supplémentaires. Presque la moitié en plus ».

     

    Lego déjà sauvé par la licence « Star Wars »

     

    Le cinéma a déjà fait des miracles dans le secteur du jouet : la saga « Star Wars » a sauvé Lego d’une faillite annoncée au début des années 2000. Le septième art soutient une industrie du jouet à la peine après une année noire en 2018 et un chiffre d’affaires en baisse de 5 %. « On compte au moins une bonne douzaine de films à destination des familles cette année, assure Frédérique Tutt, expert du marché des jouets au cabinet d’analyse de marché NPD. Il y a « Toy Story 4 » maintenant, « La Reine des Neiges 2 » en novembre, ou encore « Star Wars 9 » en décembre. Pour le secteur du jouet, c’est très important parce qu’on a environ 23 % des ventes de jouets qui sont faites sous licences ».

    Pour Frédérique Tutt, peu de doutes, les ventes de jouets sous licences devraient augmenter en 2019. Il faut dire que les nouveaux opus de « Star Wars », « Toy Story » ou « La Reine des Neiges » s’annoncent comme des immenses succès. Pas étonnant, vus les scores au box-office des précédents épisodes : plus de 1,2 milliard de dollars pour le premier « La Reine des Neiges », 1,3 milliard pour « Star Wars 8 » et 1 milliard pour « Toy Story 3 ».

     

    Source : Sophie Auvigne pour France Info

     

     

     

  • Le D-Day par Robert Capa

     

     

    Le 6 juin 1944, à Omaha Beach, Robert Capa prend plus de 100 clichés au péril de sa vie. Une maladresse dans un laboratoire les détruira presque tous. Récit…

     

    A 6h30 du matin, quand les barges américaines acheminent les premiers soldats vers Omaha Beach au rythme des remous et des vomissements, un photojournaliste est présent. Un seul… Robert Capa. En effet, en dehors du futur cofondateur de l’agence Magnum, aucun autre photographe civil n’est assez fou pour débarquer avec les Boys, non seulement au Jour J, mais aussi à l’Heure H, dans la salve d’assaut inaugurale. De fait, le témoignage livré par Capa dans la grisaille du 6 juin 1944, entre les balles et les obus, est historique, unique, précieux.

    Ce témoignage photographique, personne ne l’a jamais vu dans son intégralité. Et personne ne le verra jamais… Sur les 106 clichés pris par Robert Capa ce jour-là à Omaha Beach, 95 n’ont jamais vu le jour, purement et simplement détruits. 11 seulement nous sont parvenus, dont celui, mythique, du « visage dans les vagues ». Récit d’un épisode parmi les plus rocambolesques de l’histoire de la photographie.

     

    « Si tes photos ne sont pas bonnes, c’est que tu n’es pas assez près. »

     

    Robert Capa va bien devoir s’appliquer son célèbre conseil à lui-même lorsqu’il choisit, à la veille du D-Day, de se joindre à la Compagnie E du 116ème régiment d’infanterie américaine. Destination : Easy Red, l’un des secteurs d’Omaha, plage surplombée par les blockhaus allemands. « Le correspondant de guerre a son sort – et sa vie – entre ses mains, il peut parier sur ce cheval-ci ou ce cheval-là, ou remettre sa mise dans sa poche à la dernière minute », déclare Capa dans ses mémoires. « Je suis un joueur. Je décidais de partir avec la Compagnie E dans la première vague ».

    La flotte alliée mouille à Weymouth, dans le sud de l’Angleterre. Dans la nuit du 5 au 6 juin, Capa et 300.000 Alliés traversent la Manche dans une opération logistique d’ampleur inédite. Atteint par la tension ambiante, le reporter écrit une dernière lettre à ses proches (il ne la postera jamais), joue au poker avec des soldats, néglige enfin son petit déj’ « pré-débarquement », composé de petits pains, d’œufs et de saucisses. Au ventre, rien d’autre que la peur…

    « Le soleil, ignorant que ce jour serait différent de tous les autres, s’est levé à l’heure habituelle », décrit Capa. Les vedettes sont alors mises à l’eau, avec à bord les premières centaines de soldats voués à participer à la boucherie. 15 kilomètres plus loin, à l’approche du mur de l’Atlantique érigé par les Allemands, une pluie de plomb les accueille en Normandie. Lorsque les barges de débarquement touchent le fond, les hommes sautent pour parcourir les 100 derniers mètres à pied. Robert Capa commence à mitrailler – non avec une arme, mais avec l’un de ses Contax.

     

     

     

     

    « Ma belle France était repoussante et horrible. […] Les hommes de mon bateau pataugeaient dans l’eau jusqu’à la taille, leurs fusils prêts à tirer, les poteaux jaillissaient de la mer et la plage fumait en arrière-plan – tout cela était parfait pour la photographie. » (Robert Capa)

     

    Cerné par les projectiles, et bientôt par les cadavres, Robert Capa trouve refuge derrière l’un des pieux d’acier de la défense nazie. Ainsi adossé, il photographie les combattants américains alourdis par leur équipement, qui tentent péniblement, parfois vainement, de maintenir la tête au-dessus de la surface de l’eau. Le soldat de première classe Huston « Hu » Riley est l’un d’eux. Ironie du sort : l’homme occupe dans sa compagnie le poste d’instructeur pour la natation. Seulement voilà, il vient de recevoir quatre balles à l’épaule.

     

     

     

    « Deux gars m’ont aidé à sortir de l’eau, un sergent et un photographe avec un appareil autour du cou. Ce devait être Robert Capa. Il n’y en avait pas d’autre. Je me souviens très bien m’être dit : mais que diable ce dingue de photographe fait-il ici ? » (Huston Riley, via « Slate »)

     

    Le Private First Class, ensuite pris en charge par un infirmier, est alors à mille lieues nautiques de soupçonner que son visage deviendra « The Face in the Surf » (« le visage dans les vagues »), l’icône du Débarquement, à l’aura d’autant plus légendaire qu’il faudra un demi-siècle pour déterminer son identité avec exactitude. En effet, un autre soldat, Edward Regan, a affirmé être le héros immortalisé par Capa, avant de se faire contredire par des vérifications approfondies.

    Pour l’heure, à Omaha Beach, Robert Capa continue d’employer toute son énergie à se maintenir en vie… Abandonnant finalement son pieu d’acier, le photoreporter s’abrite derrière un tank amphibie. L’opération Neptune lui rappelle un autre enfer, la guerre d’Espagne. « Es una cosa muy seria. Es una cosa muy seria » (« la situation est grave »), répète-t-il comme un mantra.

     

     

     

    D’après son récit, Capa abandonne ensuite son imperméable Burberry, qui pèse une tonne. Il rejoint la plage en se plaçant dans le sillage de deux militaires. Tente brièvement de creuser un trou avec une pelle. Tremble tellement qu’il n’arrive plus à changer de pellicule. Fait marche arrière, s’engouffre dans un bateau dans lequel un obus fait exploser les gilets de sauvetage. C’est à bord de cette barge, en fin de compte, que le photographe épuisé est ramené vers l’USS Chase. Il fait partie des 10 % qui ressortent indemnes de la première vague d’assaut sur Omaha la sanglante. Les 90 % restants sont blessés ou tués.

     

    « Les légendes expliquaient que les photos étaient floues parce que les mains de Capa tremblaient trop. »

     

    De retour dans le sud de l’Angleterre, le photojournaliste expédie sa production au bureau londonien du magazine « Life » : 4 rouleaux de 36 poses qui contiennent le plus grand moment de sa carrière. Faisant confiance à sa baraka, Robert Capa reprend le premier bateau militaire en partance pour la France, rejoint la tête de pont, où on le croyait mort, puis commence à couvrir la campagne de Normandie.

    Parallèlement, à Londres, ses négatifs atterrissent entre les mains d’un laborantin nommé Dennis Banks. Dans la précipitation, ou l’excitation, le jeune homme commet une erreur. Il ferme la porte du séchoir à films. Témoignage historique ou pas, la chaleur fait implacablement son effet sur les pellicules : elles fondent.

    Le directeur photo de « Life », John G. Morris, parvient à sauver en catastrophe 11 négatifs d’un des quatre rouleaux (il n’en reste aujourd’hui plus que 8). Les pertes s’élèvent à environ 90 %. Le même chiffre que les pertes de la première vague américaine à Omaha Beach ! Lorsqu’il est informé de la catastrophe, Capa se lamente : « Le peu qui reste imprimable n’est rien par rapport au matériel gâché ».

     

    FRANCE. Normandy. Omaha Beach. The first wave of American troops lands at dawn. June 6th, 1944.

     

     

    L’accident de laboratoire n’empêche pas « Life Magazine » de publier le 19 juin les images épargnées. Épargnées… mais défigurées. « Les légendes expliquaient que les photos étaient floues parce que les mains de Capa tremblaient trop », note placidement le photographe d’origine hongroise.

    Le rescapé du Débarquement n’a pas tout perdu. Outre les négatifs sauvés de la destruction, qui deviendront avec la postérité les « Magnificent Eleven » (« Les Onze Magnifiques »), Robert Capa se fait embaucher définitivement par « Life ». En compagnie du rédacteur Christian Wertenbaker, il suit la progression des Alliés en France, voit la Libération de Paris, « le plus beau jour du monde ».

    En 1947, Robert Capa prend la plume – il s’est toujours rêvé écrivain – et raconte sur un ton détaché ses aventures de reporter de guerre. Il choisit un titre symbolique : « Slightly Out of Focus », « Juste un peu flou »…

     

     

     

    Source : Cyril Bonnet pour le Nouvel Obs (06 juin 2014)

    Crédit Photos : Robert Capa / Magnum

     

     

     

  • KissKissBankBank a 10 ans !

     

     

    Le 06 mai 2019, KissKissBankBank fêtait ses dix ans ! Dix ans de créativité, de solidarité et d’innovation. Vincent Ricordeau, cofondateur et président de KissKissBankBank, revient sur la création du site, sa construction et son développement. Bienvenue dans les coulisses !

     

    2007. « Tu connais Myspace ? » Cette question a changé le cours de ma vie. Deux ans plus tard nous lancions KissKissBankBank : désormais les créateurs en tout genre pourront financer leurs projets directement avec le public. Vive le crowdfunding !

     

    2009-2019. Dix ans… Une tranche de vie. KissKissBankBank est une fabrique à optimisme. Un atelier permanent de créativité collective. Une usine à confiance en soi. KissKissBankBank a eu plus d’impact sur moi que l’inverse. Je sortais d’un univers professionnel individualiste, cupide et violent. Vendre comme profession de foi. Je m’y sentais bien. Pourtant j’en suis sorti épuisé humainement. Je sonnais vide, creux, métallique. Je crois que KissKissBankBank a sauvé mon âme. Et pourtant, quelle aventure !

    Une utopie comme ligne directrice. Un marché vierge. Un entourage circonspect. De la malveillance, parfois. Du soutien aussi. Entreprendre, c’est sauter d’une falaise en construisant son parachute pendant la descente. Si tu as le bon réseau, tu trouves des fonds pour financer ton projet. Six mois de négo. Pour nous, ce sera XAnge Private Equity.

     

    Septembre 2009. Ça y est, on démarre. Débuts très difficiles. Bigre, le cash file à toute vitesse. Huit mois. On n’a encore rien montré. Les caisses sont vides. On arrête ? Jamais ! XAnge remet au pot, sinon ils perdent tout. Comme nous. Ca passe. Juste juste.

     

    Septembre 2010. Un an. Personne ne comprend où nous allons. Nous non plus. On n’est sûrs de rien. On pédale, c’est tout. Après la musique, KissKissBankBank s’ouvre à tous les secteurs culturels et associatifs. Des dizaines de conférences. Partout en France. Cours, Forest, cours. Des myriades de rendez-vous chez les producteurs, les labels, les éditeurs, les tourneurs…

     

    « Quoi ? nos artistes devraient faire la manche sur Internet ? Sûrement pas. »

     

    2011. Heureusement, ça commence à marcher chez les artistes indépendants. Respire. L’économie collaborative envahit les médias et les soirées bobos. Notre page Facebook frémit. Enfin. Les chiffres augmentent. Merci « Télématin ». Miracle. Croissance à 2 chiffres, puis à 3 chiffres. Grisant. Fascinant.

     

    2012. Trois ans. On entre dans le Top 10 des marques les plus sexys du Web français. Pur bonheur ! Mais notre marché est trop petit. Il faut se diversifier. Allez, invente ! Alors on monte une plate-forme de prêts solidaires pour les entrepreneurs, Hellomerci. Pas assez rentable. Bon, d’accord. Invente encore. Et si on investissait notre épargne dans l’économie réelle en prêtant directement aux entreprises françaises ?

    Attention, ici c’est le pays du monopole bancaire. Touche pas au grisbi. Dix-huit mois de lobbying. Bercy, puis l’Elysée, puis Bercy. Puis Bercy, encore et encore. Et paf, le monopole bancaire. Alors, on lance une nouvelle plate-forme, Lendopolis. La troisième en cinq ans. Ventile, ventile.

     

    2015. Des statuts réglementaires, tout beaux tout neufs. Fini le temps des utopies. Dans le nouveau monde régulé du crowdfunding, on parle de fonds institutionnels, de classe d’actifs, de société de gestion. Fichtre. Bienvenue dans le monde des fintech. Aie. Il faut relever des fonds. Déjà ? Oui. Beaucoup ? Oui. Grosse concurrence. On est armé d’Opinel alors que les autres attaquent au bazooka. On a besoin d’air frais. Allez, souffle. Souffle encore.

     

    2017. Réfléchissons : Nous avons huit ans maintenant et deux très belles marques. Nous sommes devenus bankables. La Banque Postale nous fait des appels du pied. Nous serions encore plus forts avec eux. Alors, on vend ou pas ? Soyons honnête, ça a toujours été un des scénarios envisageables. Il nous faut un nouvel élan. Allez, on y va, c’est le moment. On vend.

     

    2018. Alors heureux ? Oui, bien sûr, mais comment dire ? T’as déjà laissé tes fenêtres ouvertes en plein mistral ? Et ben, ça ressemble à ça. Ca secoue pas mal à tous les étages. Ta boîte ne sera plus jamais la même. C’est le jeu. T’as vendu, t’as vendu. Mais bon, globalement, ça se passe bien. Allez, inspire. Expire.

     

    Vincent Ricordeau, cofondateur et président de KissKissBankBank & Co.

     

     

     

  • Charlie Chaplin, le Rythme dans la Peau

     

     

    Le 130ème anniversaire de la naissance de Charlie Chaplin donne lieu à d’innombrables commémorations de par le monde. En France, dix de ses films ressortent en salle, de « La ruée vers l’or » aux « Temps Modernes », ainsi qu’une compilation de ses meilleures bandes originales, toutes composées par lui-même. Le réalisateur et acteur, mort en Suisse en 1977, aura créé des oeuvres majeures, mêlant humour, poésie et parfois même politique, alliés à un exceptionnel sens du rythme.

     

    Icône absolue du muet, 42 ans après sa mort, Charlie Chaplin reste le personnage de cinéma le plus mythique au monde. En 65 ans de carrière, cet entrepreneur touche-à-tout aura joué, réalisé, scénarisé et produit plus de 80 films. Et il en a aussi composé les musiques… Car ce qu’on oublie parfois, c’est que l’acteur britannique avait le rythme et la mélodie dans la peau… Ce qui lui valut, en plus des deux Oscars d’Honneur, un troisième pour la musique de son film « Les Feux de la Rampe » en 1952.

     

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    « Les Feux de la Rampe » (titre original : « Limelight »), avec Charles Chaplin, Claire Bloom et Buster Keaton, est le chef d’œuvre testamentaire de Charlot, redevenu Chaplin pour l’éternité… Le final est d’une beauté poignante avec la gracieuse Claire Bloom, ballerine tournoyant au son des accords nostalgiques de la mélodie « Limelight » composée par Chaplin lui-même…

     

    « Ses deux parents étaient chanteurs, et n’ayant pas beaucoup d’argent, ils traînaient leur petit partout. Très jeune, Charles intégra la Eight Lancashire Lads, une troupe de danseurs à sabots composée de huit petits garçons. » (Kate Guyonvarch, directrice du Bureau Chaplin)

     

    Avec ses premiers cachets, Charles Spencer Chaplin s’achète donc un violon, puis un violoncelle, qui ne le quitteront plus… Dès qu’il a un moment, il s’entraîne en coulisse, en espérant un jour pouvoir en tirer un revenu complémentaire.

     

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    « Chaplin avait une oreille incroyable. Ça saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles, dans le discours du « Dictateur ». Il a créé pour le film une langue qui ressemble de très près à de l’Allemand, mais qui n’en est pas. » (Kate Guyonvarch, directrice du Bureau Chaplin)

     

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    Comme Chaplin ne sait ni lire ni écrire la musique, il s’entoure d’arrangeurs professionnels qui retranscrivent ses compositions instinctives sur partition. Il n’est jamais allé au Conservatoire, et pour cause… Chaplin, son école, c’est l’école de la rue. Alors, les mélodies qu’il imagine donnent finalement une musique qui vit, qui vibre au même rythme que son jeu à l’écran et sa manière de faire du cinéma.

     

    « Quand Chaplin avait une scène en tête, il savait très précisément ce qu’il voulait entendre à ce moment, pour soutenir et accompagner cette scène. Lorsqu’il disait à l’orchestre qu’il voulait que ce soit joué de cette façon, et que les musiciens tentaient de lui expliquer que ça ne pouvait pas se jouer comme ça, Chaplin pouvait avoir tendance à s’agacer et à exiger que ce soit joué comme il le souhaitait… » (Kate Guyonvarch, directrice du Bureau Chaplin)

     

    Le pire de tout cela, c’est que lorsqu’il s’agissait de musique, Chaplin avait souvent raison… Car il avait non seulement un sens inné de la composition, mais aussi du rythme. Son jeu s’appuyait sur une chorégraphie millimétrée ; un savant mélange d’humour et d’émotion. Cette rythmique passait déjà par son propre corps, ainsi que par les éléments ou les accessoires qu’il était amené à utiliser pour cadencer chaque scène. Charlot sur la chaîne de montage dans « Les Temps Modernes » (1936), Charlot face au policier dans « Le Kid » (1921), Adenoïd Hynkel dansant avec la mappemonde dans « Le Dictateur » (1940), et évidemment la danse des petits pains dans « La Ruée vers l’Or » (1925), qui reste sans doute l’exemple le plus emblématique…

     

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    Charlie Chaplin jouait avec tout ce qui pouvait lui tomber sous la main, des personnages au cadrage, en passant par la musique ou les mouvements de son propre corps à l’écran. Mais tout était réalisé en contrôle, et réglé au cordeau. En 1916, le grand danseur Nijinski est invité par Chaplin à assister au tournage d’une scène de l’un de ses films. A la fin de la prise, Chaplin demande à Nijinsky ce qu’il en a pensé, et Nijinski lui rétorque : « Mais vous n’êtes pas un acteur… Vous êtes un danseur ». Cette rencontre inspira à Chaplin son film « Une idylle aux champs » (Sunnnyside, mai 1919).

    Chaplin danse, compose ; il ne lui manque plus que la parole. Mais il faudra attendre encore près de dix ans après l’avénement du cinéma parlant pour entendre le son de sa voix… La première fois qu’on entend la voix de Chaplin, c’est en 1936 dans « Les Temps Modernes », pourtant considéré comme le dernier film muet de sa filmographie, et d’ailleurs le dernier film dans lequel apparaît le personnage de Charlot.

    Chaplin a composé une mélodie pour le film, « Je chercher après Titine, … ». Cette scène donnera un sketch évidemment hilarant, dans lequel Charlot opère sa métamorphose, en devenant non seulement chanteur, puisqu’on entend pour la première fois le timbre de sa voix, mais aussi musicien et pantomime. C’est avec ce film qu’on découvre que Chaplin n’est pas simplement un acteur, mais un tout…

     

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    Avec l’épilogue des « Lumières de la Ville » (1931), Charlie Chaplin prouve au 7ème Art qu’il règne aussi en maître sur le mystère de nos émotions.

     

    « Je défie n’importe qui de regarder cette scène, même s’il n’a pas vu le film en entier, sans avoir la larme à l’oeil, tant le violon appuie magnifiquement la scène. Chaplin a atteint une telle perfection dans tous les domaines qu’il parvient à contrôler toutes nos émotions… » (Kate Guyonvarch)

     

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  • Stan Getz & Chet Baker : The Stockholm Concerts

     

     

    Lorsque deux monstres sacrés se retrouvent sur scène, tout peut arriver, le meilleur comme le pire… Et là, en l’occurence, avec Chet Baker et Stan Getz, filmés et enregistrés à l’occasion d’un concert à Stockholm le 18 février 1983, nous assistons à un moment de grâce, suspendu dans le temps. Les deux maîtres incontestés du Cool Jazz n’avait pas joué ensemble depuis plus de trente ans, et pourtant la magie opéra, juste avant que leurs routes ne se séparent, pour toujours…

     

    Selon le chroniqueur de jazz Mike Hennessey et le biographe de Stan Getz, Donald Maggin, les circonstances entourant la réalisation de ces enregistrements de 1983 étaient pesantes à l’extrême. Pour des raisons diverses et variées, Stan Getz ne souhaitait pas jouer en concert avec Chet Baker, et l’a finalement congédié avant même que la moitié des 35 dates prévues initialement aient été honorées. Mais avant le départ de Baker, ils ont cependant joué ensemble sur scène à l’occasion de deux concerts organisés à Stockholm, qui fort heureusement, ont été enregistrés, et laissés à la postérité…

    En effet, même dans ce contexte tendu, Stan Getz et Chet Baker n’ont pas livré une prestation classique, loin s’en faut, car l’album qui a immortalisé ce moment démontre encore l’étendue du génie de Chet Baker, qui malgré des années d’addiction aux drogues et la dégradation physique qui en a résulté, n’a rien perdu de sa sensibilité, de sa musicalité et de son talent. Stan Getz est égal à lui-même, lyrique, désinvolte, affichant une certaine morgue, quand Chet Baker démontre qu’il reste un des jazzmen les plus créatifs et les plus spontanés. Et dans sa voix, l’émotion est restée intacte… Si vous êtes un inconditionnel de Stan Getz, vous ne serez pas déçu. Il est excellent. Mais Chet Baker est superbe…

    Ainsi, le Stan Getz Quartet (composé de Stan Getz au sax tenor, Jim McNeely au piano, George Mraz à la basse et Victor Lewis à la batterie) devait ouvrir le concert par un set incluant certains des standards de Getz, comme « O Grande Amor » ou encore « We’ll Be Together Again ». Chet Baker devait ensuite les rejoindre sur scène pour deux ou trois titres vocaux, normalement « Just Friends » et « My Funny Valentine ». Et pour finir, ils étaient supposés jammer sur trois ou quatre morceaux, tels que « Stella by Starlight » ou « Airegin ».

    Mais selon le promoteur des concerts, Wim Wigt, dès le début de la tournée, Stan Getz ne parvint pas à cacher son dédain pour Chet Baker, pour sa façon de chanter, pour ce qu’il était devenu. « Baker n’avait fait que gâcher son talent, et il n’était pas fiable » déclara-t-il à Mike Hennessey. « Getz était en fait jaloux du succès dont Chet jouissait depuis toujours ». Et la relation était encore plus compliquée par « ce qui pourrait se définir par une sorte de conflit d’addictions… Getz buvait beaucoup à l’époque, et Chet était accro à l’héroïne. Ce qui n’empêchait pas Stan Getz de ressentir un mépris profond pour la condition de toxicomane de Chet ». Stan Getz tenta de monter tout le groupe contre Chet Baker, ce qui ne fut pas couronné de succès. Dans un dernier sursaut d’orgueil, il posa un ultimatum à Wim Wigt : « Ce sera lui ou moi ». Le promoteur choisit donc la voix de la raison, en donnant congé à Chet Baker, qui retourna à ses paradis artificiels…

    Chet le maudit finit ses jours en se jetant par la fenêtre d’un hôtel miteux d’Amsterdam… Triste fin pour un ange…

     

     

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    Stockholm Concerts 003

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Stan Getz Official

     

     

     

  • Mick Jagger malade, les Stones restent sans voix…

     

     

    « Mick a été averti par les médecins qu’il ne pourra pas poursuivre la tournée, car il a besoin d’un traitement médical », a indiqué le groupe, qui devait se produire aux États-Unis et au Canada, d’avril à juin 2019.

     

    Les Rolling Stones se voient donc contraints d’annuler leur tournée américaine suite à des ennuis de santé de Mick Jagger. « Mick a été averti par les médecins qu’il ne pourra pas poursuivre la tournée, car il a besoin d’un traitement médical. […] Les médecins ont dit à Mike qu’il devait se remettre complètement avant d’espérer pouvoir revenir sur scène le plus tôt possible », a indiqué le groupe dans un communiqué samedi 30 mars.

    De nouvelles dates seront « annoncées très vites ». Le chanteur, âgé de 75 ans, se dit lui-même « dévasté de devoir reporter la tournée ». « Je vais travailler très fort pour revenir sur scène le plus rapidement possible », a-t-il promis sur Twitter.

     

     

    Cette tournée, baptisée « No Filter Us », devait conduire le célèbre groupe de rock dans quinze villes des États-Unis et du Canada, d’avril à juin. « Les billets restent valables pour les dates reprogrammées, qui seront annoncées très vite », promettent les Rolling Stones dans leur communiqué. Un message qui incite à espérer un rétablissement rapide de la star britannique.

     

     

     

  • Soundbreaking : La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

     

    Enregistrer la musique : une passionnante aventure artistique et technologique de plus d’un siècle dont Soundbreaking raconte en six heures les plus belles pages, avec la participation de tous les grands noms de la musique populaire et sur une bande-son d’anthologie.

     

    Passionnante aventure artistique et technologique, la mise au point de l’enregistrement de la musique s’est déroulée sur plus d’un siècle.

    Avènement du multipistes, rôle du producteur, rendu de la voix, révolution numérique… Sur une bande-son d’anthologie, « Soundbreaking » (titre qui joue sur les mots « sound » et « groundbreaking », en français « révolutionnaire » ou « novateur ») raconte les plus belles pages de cette épopée, avec la participation de grands noms de la musique, d’Elton John à Catherine Ringer, de Christina Aguilera à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead.

    Diffusée en novembre 2016 sur la chaîne américaine PBS, la passionnante série documentaire française « Soundbreaking » rend donc hommage aux grands producteurs et autres hommes de l’ombre des studios d’enregistrement. Arte proposait en février 2017 les épisodes de cette fascinante saga comprenant des entretiens avec plus de 150 musiciens et artistes, dont Nile Rodgers, Quincy Jones, Questlove, Jimmy Jam et Chuck D. et de nombreuses images d’archives. Dans le premier épisode d’une série de six rendez-vous de 52 minutes, Stevie Wonder est également salué en compagnie de ses producteurs Malcolm Cecil et Bob Margouleff, co-auteur des révolutionnaires « Talking Book » et « Innervisions ».

    En six épisodes, « Soundbreaking » retrace ainsi la formidable épopée artistique et technologique de la musique.

     

    Soundbreaking – La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

    La technique du sampling, qui consiste à prélever un échantillon d’une composition musicale pour l’insérer dans une nouvelle, souvent en boucle, représente certainement le plus grand bouleversement qu’ait connu la musique ces quarante dernières années.

    Présent dans le dub jamaïcain, le funk et le disco, le sampling est d’abord l’œuvre des musiciens de hip-hop. Acteurs majeurs de cette révolution, Afrika Bambaataa, Darryl McDaniels, Run-D.M.C., Chuck D, Public Enemy, Adam Horovitz, Beastie Boys, RZA, Wu-Tang Clan, ou encore Akhenaton défendent ici cette pratique, presque impossible aujourd’hui, l’industrie musicale la considérant comme du vol. Pourtant, au-delà du hip-hop, d’autres artistes la plébiscitent, comme Jean-Michel Jarre ou Moby, qui témoignent également.

     

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    Fiche Technique :

    Auteurs : Maro Chermayeff,  Romain Pieri
    Réalisation : Christine Le Goff
    Producteurs : Ma Drogue A Moi, Show Of Force
    Coproducteur : ARTE France