Auteur/autrice : Instant-Chris

  • Agnès Varda : Entretien avec une icône du 7ème Art

     

     

    Agnès Varda nous a quittés le 29 mars. Face aux images de sa vie, elle revient sur son parcours, ses combats, et répond aux questions de Pierre Michel.

     

    Agnès Varda, c’est 64 ans de cinéma, 01 coupe au bol, 12 longs-métrages, 17 documentaires, 14 courts-métrages, 03 Césars, 01 Palme d’Honneur, 01 Oscar d’Honneur.

    Agnès Varda, c’est aussi trois métiers : cinéaste, photographe et plasticienne… C’est aussi « Cléo de 5 à 7 », « Les 101 Nuits de Simon Cinéma ». Agnès Varda, c’est des visages, des villages, mais aussi des plages, Knokke-le-Zout, Sète ou Los Angeles. Agnès Varda, c’est une rue, Mouffetard, un chat… enfin, deux chats, un jardin à Bruxelles, deux enfants dans une cour intérieure Rue Daguerre, Paris 14ème.

     

    [arve url= »https://vimeo.com/256883028″ align= »center » title= »Agnès Varda : « Cléo de 5 à 7 » (1962) » description= »Agnès Varda » maxwidth= »864″ /]

     

    « Pialat m’a fait naître, et Varda m’a fait exister. » (Sandrine Bonnaire)

     

    En fin d’année dernière, un hommage lui était rendu au Festival International du Film de Marrakech. Et fin 2017, un Oscar d’honneur lui était décerné, récompense qu’elle est la première femme réalisatrice à recevoir : « Ce qui est impressionnant chez Varda, c’est qu’elle a plusieurs vies de cinéaste. » (Frédéric Bonnaud, Directeur de la Cinémathèque Française)

     

    Pour quelqu’un qui ne voulait pas vraiment faire carrière, vous vous êtes plutôt pas mal débrouillée ?

    « Ça n’est pas du tout une histoire de se débrouiller… Ça n’est pas moi qui ai cherché les honneurs. Dans mon petit discours aux Oscars, j’ai presque fait rire, en disant que je n’avais jamais fait gagner d’argent à aucun producteur. Mais mes films existent, c’est un fait. Ce sont mes films qu’ils ont récompensés. Et évidemment, j’en suis très fière. »

     

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    Petit flash-back. Nous vous retrouvons en 1964, quand un journaliste vous pose une question qu’il avait aussi posée à Jacques Demy, votre mari : « Jacques Demy nous a dit que pour lui, le bonheur était une donnée qu’il fallait défendre, et que la dramatisation du bonheur, c’était la défense du bonheur ». Et pour vous ?

    « C’est drôle… Non, pour moi, c’est un cadeau, le bonheur. Je veux dire par là que ça vient en plus. Vous avez des gens qui ont en eux tous les éléments du bonheur et qui ne sont pas heureux. Et vous avez des gens qui n’ont pas de quoi être heureux et qui le sont. »

    « C’est ce que je disais à cette époque. Mais ça reste vrai. Même à l’âge que j’ai et avec les difficultés que je connais, ressentir des instants de bonheur, ou un peu plus que des instants, c’est un don qu’on a ou qu’on n’a pas… Ça peut être presque rien, une rencontre, un paysage, et d’un coup, on est habité par la beauté du monde. Et moi, j’ai le bonheur d’avoir ce don… »

     

    Ça n’est pas votre seul don, d’ailleurs… Vous êtes une filmeuse, une filmeuse de femmes, mais pas que… Vous les avez filmées en noir, en blanc, de profil comme de face. Vous les avez filmées hautes en couleur et en musique. Les femmes, vous les avez montrées jeunes, vieilles. Vous avez filmé des femmes démunies, voire dénudées, en chair comme en pierre. Alors une question : est-ce que vous pensez faire un cinéma de femmes, ou tout simplement être une femme cinéaste ?

    « Je pense être une cinéaste, qui est femme. Il y a des hommes qui font de très beaux films sur les femmes, et il y a des femmes qui parlent des femmes, si elles veulent. Je ne suis pas dans les ghettos, moi… Je suis pour un cinéma actif, inventif. »

     

    Parlons réalisation, maintenant. Quand vous avez commencé au sein de la Nouvelle Vague, au milieu des Truffaut, Chabrol, Rivette ou Godard, vous étiez la seule femme, et pourtant vous avez déclaré : « métier d’homme, ça ne veut rien dire… Un métier d’homme, ce serait un métier qu’une femme ne peut pas exercer, et ces métiers, il y en a vraiment peu… » (Agnès Varda, 1978)

    « Les metteurs en scène, ils ne font rien. On leur demande juste d’être sur le coup, on leur demande de penser au film et d’avoir une vision aigüe. » (Agnès Varda, 1964)

    « Il faudra faire face dans très peu de temps à un phénomène complètement naturel, à savoir quand il y aura autant de femmes cinéastes que d’hommes cinéastes. » (Agnès Varda, 1978)

     

    Alors, en 2019, et pour n’en citer que quelques-unes, nous avons donc les Emmanuelle Bercot, Valérie Donzelli, Maïwenn, Catherine Corsini, Agnès Jaoui, Julie Delpy, Houda Benyamina, Céline Dorski, Noemi Lowski, Claire Burger, Jeanne Herry, et quand on voit toutes ces femmes, ça vous inspire quoi ?

    « Ça me fait vraiment plaisir. Quand j’ai commencé, il y avait déjà des femmes qui travaillaient. Moi, je me suis retrouvée dans la lumière, parce que j’ai fait quelque chose de tellement radical que j’ai été classée dans la Nouvelle Vague. Maintenant, je suis un peu la potiche des femmes cinéastes. On me met souvent devant, un peu trop, d’ailleurs, parce que parmi ces femmes-là, il y en a qui ont vraiment beaucoup de talent. »

     

    Comment on en vient à croiser la route de Jim Morrison ?

    « On avait un ami commun. Lui aussi avait fait ses études de cinéma à UCLA. Et comme Jacques Demy et moi, on représentait les petits nouveaux de la Nouvelle Vague, parce que ça n’était pas encore arrivé à Los Angeles, et comme on a commencé quatre ou cinq ans avant Spielberg, Coppola et toute cette génération de réalisateurs, Jim était content de faire notre connaissance. Quelques années plus tard, il s’est installé à Paris et on se voyait, tranquillement. Il venait dans ma cuisine, on discutait, avec Jacques. Mon regret, c’est de ne jamais avoir fait de photo de lui, ni à Los Angeles, ni à la maison… Mais tous les gens l’embêtaient tellement avec ça. J’ai préféré malgré tout garder cette distance, ce respect. C’était un être exceptionnel. »

     

    [arve url= »https://www.dailymotion.com/video/x1ht6xk » align= »center » title= »Agnès Varda : « Cléo 5 à 7 » : Extrait 2 avec Jean-Luc Godard et Anna Karina » description= »Agnès Varda » maxwidth= »900″ /]

     

     

    On est de retour avec vous, Agnès Varda, et on avait un petit extrait de « Cléo de 5 à 7 » à vous montrer… Dans votre vie, il y a eu des femmes, mais aussi des hommes. Il y a eu vos compagnons, Antoine Bourseiller, le père de Rosalie, et bien-sûr Jacques Demy, votre mari, le père de Mathieu. Il y eut aussi des initiales célèbres, JLG pour Jean-Luc Godard, et JR pour… JR. Deux hommes aux lunettes fumées, même si dans votre premier long-métrage, JLG avait accepté de les enlever.

    « Ça, c’est un sketch à l’intérieur de Cléo… J’avais peur que le sujet soit trop sérieux. Cette femme en danger de mort. Alors j’ai inséré ce petit clip au milieu. Et Jean-Luc et Anna, qui étaient adorables, ont accepté de le faire. Et puis Jean-Luc, je l’ai beaucoup aimé. On était très amis, Jacques Demy, Anna Karina, lui et moi. Puis on s’est perdu de vue, comme ça arrive souvent dans la vie. Avec Jean-Luc, on a failli se retrouver dans « Visages, Villages ». Il n’a pas ouvert la porte, mais je l’aime quand même. »

     

    Si vous le voulez bien, on va arriver chez un jeune premier, Harrison Ford.

    « Harrison Ford… Quand on l’a rencontré, on l’a trouvé tellement sympathique, intelligent. Jacques m’a demandé de faire des essais pour lui, parce qu’il voulait le mettre dans Model Shop avec Anouk Aimée. Et la Columbia a refusé, en disant que ce gars n’avait aucun avenir. Jacques était très déçu mais on est resté ami. Jacques Demy l’avait repéré, il avait confiance en lui et il était convaincu qu’il ferait quelque chose. Harrison a dit que ça l’avait aidé à patienter pendant quatre ou cinq ans, le temps qu’on lui donne sa chance, car il savait qu’un grand metteur en scène trouvait qu’il avait du talent. »

     

    On retourne aux Etats-Unis avec votre documentaire « Murs, Murs » en 1982.

    « Vous savez, c’est ma façon de faire du documentaire. Approcher au plus près le sujet. Là, le sujet, ce sont ces « murals » qui sont peints sur les murs. J’ai toujours été très curieuse des gens et de leurs oeuvres. J’ai fait ce documentaire très attentivement. J’ai passé plusieurs mois non seulement à trouver les murals intéressants, mais aussi à découvrir qui les avait réalisés. Il n’y avait pas d’intérêt pour ça à l’époque. Souvent, ils n’étaient même pas signés. Avec ce film, j’ai rendu aux auteurs leurs droits d’artiste. »

     

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    35 ans plus tard, vous collaborez avec JR, et cette fois, vous faites vous aussi des murals. Et dans « Visages, Villages », c’est vous qui affichez en grand tous ces visages.

    « Avec ce film, c’était l’idée qu’on en a marre de voir des gens qui ont toujours quelque chose à vendre. Alors qu’il faudrait plutôt qu’on mette à l’honneur des gens simples, des gens de la rue. Le facteur dans le film, c’est un exemple de ceux que j’ai envie de mettre en avant. Si j’ai encore envie de filmer, c’est pour capturer des moments, des instants avec des gens simples, qui n’ont pas forcément beaucoup de choses à dire, mais qui dans leur comportement, dans leur rapport à l’autre, sont beaux. »

     

    Agnès Varda s’en est allée et nous a laissés sans Varda… Au revoir et merci…

     

    Propos recueillis par Pierre Michel pour Tchi Tcha

     

     

     

     

     

  • Manoocher Deghati : Le deuil des sacrifiées

     

     

    En 1979, Reza et son frère Manoocher ont photographié la révolution iranienne. Pour Arte Reportage, ils exhument et commentent aujourd’hui 40 photos réalisées dans les premières années de la jeune révolution. Leur pays vivait alors des moments historiques. L’islam radical s’installait au pouvoir et le monde ne serait plus jamais comme avant. C’était il y a 40 ans.

     

    « Prison d’Evin, 1983. Cette image est peut-être belle mais elle est en même temps si triste… Ces jeunes filles étaient prisonnières depuis plusieurs années parfois. Certaines étaient des opposantes au régime, mais pas toutes. Contraintes de porter le tchador, elles étaient obligées de prier et de chanter à la gloire de Khomeiny. Je me demande ce qu’elles sont devenues. On ne le saura jamais. » (Rachel Deghati)

     

    « Je me souviens très bien de ce jour, quand je suis rentré dans cette prison. La prison d’Evin en Iran, une des prisons les plus redoutables au monde… Parmi les milliers de prisonniers qui y étaient enfermés, très peu ont survécu. Il y avait des milliers de jeunes femmes, de jeunes garçons, qui avaient été arrêtés dans la rue, pour avoir dit un mot contre Khomeini ou contre l’Islam. » (Manoocher Deghati)

     

    « Sur cette photo, on voit le visage triste de ces jeunes filles. La composition de l’image est peut-être belle, mais je suis content que ça renvoie aussi un message de tristesse. Parce que la plupart d’entre elles ont été exécutées. Dans la loi islamique, on ne peut pas exécuter des femmes vierges. Il faut donc les violer avant de les exécuter… C’est un des aspects les plus horribles de cette loi. » (Manoocher Deghati)

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »]  Arte Reportage : « Iran, au coeur de la révolution » 

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »]  Arte Reportage : « Le Deuil des Sacrifiées » 

     

     

     

  • OnStage | U2

     

     

    Jimmy Fallon, animateur de l’émission « The Tonight Show », diffusée depuis 1954 sur la chaîne de télévision américaine NBC, passe le chapeau dans le métro new-yorkais pour un obscur groupe reprenant le morceau « I Still Haven’t Found What I’m Looking For » de U2…

    Sauf qu’il s’avère que ce sont bien les membres de U2 qui se sont grimés pour l’occasion, et qui enchaînent sur « Desire » en live improvisé, 42nd St. Subway Station, devant un public ébahi.

     

    [youtube id= »aluYo-FSqiw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Liens externes » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] U2 Official

     

     

     

  • Jumbo, éléphant star et martyr du cirque

     

     

    Alors que sort au cinéma le remake du « Dumbo » de Walt Disney réalisé par Tim Burton, voici l’histoire de Jumbo, éléphant star et martyr du cirque, qui contribua à l’inspirer.

     

    Le seul éléphant d’Afrique arrivé en Europe

    Jumbo naît en 1860 en Abyssinie. Sa mère est tuée devant lui par des chasseurs soudanais. L’éléphanteau décharné est acheté par un marchand d’animaux, qui l’expédie par bateau en Europe. Aucun autre éléphant n’ayant survécu à cette traversée, il est alors le seul éléphant d’Afrique en Europe. D’abord vendu à une ménagerie ambulante allemande, il échoue à la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris. En 1865, le zoo de Londres le rachète, en mauvaise santé.

     

    La star de l’aristocratie britannique

    Différent des éléphants indiens présents alors en Angleterre, il crée un engouement inédit. Il est alors prénommé « Jumbo ». Gavé de friandises, il est très populaire auprès de la haute société londonienne. Pendant 16 ans, sous la houlette de son gardien Matthew Scott, il promène des milliers d’enfants, parmi lesquels, paraît-il, Winston Churchill, Theodore Roosevelt ou les enfants de la reine Victoria.

    Adolescent, il atteint près de 4 m de haut. « Jumbo » désigne alors tout ce qui est de grande dimension. À l’âge de la maturité sexuelle, Jumbo est de plus en plus difficile à contrôler. Il est maltraité pour le rendre plus docile. Il souffre de claustrophobie et est attaqué par les rats. Ses défenses sont tronquées car il se jette contre les murs.

    Son gardien l’assomme avec du scotch et un tonneau de bière par jour. Le surintendant du zoo craint pour la sécurité des visiteurs. Il envisage même de l’abattre.

     

    « Il est incroyablement intelligent, de bonne humeur et docile ; en même temps, il m’a donné ainsi qu’à tous ceux qui ont eu affaire à lui, des troubles d’anxiété » explique alors Abraham Bartlett, surintendant du zoo.

     

    En 1882, le scandale éclate : le zoo vend Jumbo pour une somme dérisoire à un directeur de cirque américain. Se mobilisent alors 100.000 pétitionnaires s’opposant à son départ, le personnel du zoo, les médias britanniques, des écoliers, le Parlement, et même la Reine Victoria. Rien n’y fait…

     

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    Le cauchemar américain

    Terrifié, enchaîné et enfermé dans une caisse, Jumbo hurle à la mort pendant les deux semaines de traversée, sauf quand il est imbibé de bière ou de champagne. Arrivé à New York, il intègre le « Greatest Show on Earth », qui sillonne l’Amérique avec ses 80 wagons. Un wagon spécial lui est d’ailleurs réservé, le « Jumbo’s Palace Car ». Il est l’attraction phare et sa renommée est mondiale. Grâce à lui, Barnum crée le spectacle de cirque le plus lucratif de tous les temps, avec 20 millions de spectateurs.

    En 1883, la santé de Jumbo décline, le cirque est dans le collimateur de la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux (ASPCA). Jumbo meurt le 15 septembre, heurté par un train au Canada. Les circonstances réelles de sa mort sont controversées. Barnum soutient que Jumbo s’est précipité devant le train pour sauver héroïquement un jeune éléphant. Cet « accident » aurait en fait été mis en scène pour éviter les investigations sur ses maltraitances, tout en planifiant une sortie spectaculaire.

    Le squelette de Jumbo circule alors lucrativement durant deux ans avec le cirque, avant d’être donné au Musée d’Histoire Naturelle de New York. Son cœur est vendu à une université en 1889, et son corps reconstitué avec sa peau naturalisée échoue dans les collections de l’université Tufts (Massachusets), dont il devient la mascotte. En 1975, seule sa queue réchappe à un incendie. Ses cendres sont conservées dans un bocal. Son culte y est toujours vivace. En 1985, une statue grandeur nature est érigée au Canada pour commémorer le centenaire de sa mort. On ne compte plus les objets dérivés de Jumbo, les histoires, films, livres ou chansons qui lui sont consacrés.

     

    Article de Camille Renard pour France Culture

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Siribeddi : mémoires d’un éléphant », de J. Lermont. Un ouvrage que l’on peut lire en ligne sur le site de la BnF, Gallica.

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « La vraie histoire de Jumbo », sur le blog Les Yeux  de la Girafe.

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Les millions de Barnum : amuseur des peuples ». Une autobiographie adaptée de l’américain par Jehan Soudan publiée en 1899 et en ligne sur Gallica.

     

     

     

  • Stan Getz & Chet Baker : The Stockholm Concerts

     

     

    Lorsque deux monstres sacrés se retrouvent sur scène, tout peut arriver, le meilleur comme le pire… Et là, en l’occurence, avec Chet Baker et Stan Getz, filmés et enregistrés à l’occasion d’un concert à Stockholm le 18 février 1983, nous assistons à un moment de grâce, suspendu dans le temps. Les deux maîtres incontestés du Cool Jazz n’avait pas joué ensemble depuis plus de trente ans, et pourtant la magie opéra, juste avant que leurs routes ne se séparent, pour toujours…

     

    Selon le chroniqueur de jazz Mike Hennessey et le biographe de Stan Getz, Donald Maggin, les circonstances entourant la réalisation de ces enregistrements de 1983 étaient pesantes à l’extrême. Pour des raisons diverses et variées, Stan Getz ne souhaitait pas jouer en concert avec Chet Baker, et l’a finalement congédié avant même que la moitié des 35 dates prévues initialement aient été honorées. Mais avant le départ de Baker, ils ont cependant joué ensemble sur scène à l’occasion de deux concerts organisés à Stockholm, qui fort heureusement, ont été enregistrés, et laissés à la postérité…

    En effet, même dans ce contexte tendu, Stan Getz et Chet Baker n’ont pas livré une prestation classique, loin s’en faut, car l’album qui a immortalisé ce moment démontre encore l’étendue du génie de Chet Baker, qui malgré des années d’addiction aux drogues et la dégradation physique qui en a résulté, n’a rien perdu de sa sensibilité, de sa musicalité et de son talent. Stan Getz est égal à lui-même, lyrique, désinvolte, affichant une certaine morgue, quand Chet Baker démontre qu’il reste un des jazzmen les plus créatifs et les plus spontanés. Et dans sa voix, l’émotion est restée intacte… Si vous êtes un inconditionnel de Stan Getz, vous ne serez pas déçu. Il est excellent. Mais Chet Baker est superbe…

    Ainsi, le Stan Getz Quartet (composé de Stan Getz au sax tenor, Jim McNeely au piano, George Mraz à la basse et Victor Lewis à la batterie) devait ouvrir le concert par un set incluant certains des standards de Getz, comme « O Grande Amor » ou encore « We’ll Be Together Again ». Chet Baker devait ensuite les rejoindre sur scène pour deux ou trois titres vocaux, normalement « Just Friends » et « My Funny Valentine ». Et pour finir, ils étaient supposés jammer sur trois ou quatre morceaux, tels que « Stella by Starlight » ou « Airegin ».

    Mais selon le promoteur des concerts, Wim Wigt, dès le début de la tournée, Stan Getz ne parvint pas à cacher son dédain pour Chet Baker, pour sa façon de chanter, pour ce qu’il était devenu. « Baker n’avait fait que gâcher son talent, et il n’était pas fiable » déclara-t-il à Mike Hennessey. « Getz était en fait jaloux du succès dont Chet jouissait depuis toujours ». Et la relation était encore plus compliquée par « ce qui pourrait se définir par une sorte de conflit d’addictions… Getz buvait beaucoup à l’époque, et Chet était accro à l’héroïne. Ce qui n’empêchait pas Stan Getz de ressentir un mépris profond pour la condition de toxicomane de Chet ». Stan Getz tenta de monter tout le groupe contre Chet Baker, ce qui ne fut pas couronné de succès. Dans un dernier sursaut d’orgueil, il posa un ultimatum à Wim Wigt : « Ce sera lui ou moi ». Le promoteur choisit donc la voix de la raison, en donnant congé à Chet Baker, qui retourna à ses paradis artificiels…

    Chet le maudit finit ses jours en se jetant par la fenêtre d’un hôtel miteux d’Amsterdam… Triste fin pour un ange…

     

     

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    Stockholm Concerts 003

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Liens externes » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Stan Getz Official

     

     

     

  • Mick Jagger malade, les Stones restent sans voix…

     

     

    « Mick a été averti par les médecins qu’il ne pourra pas poursuivre la tournée, car il a besoin d’un traitement médical », a indiqué le groupe, qui devait se produire aux États-Unis et au Canada, d’avril à juin 2019.

     

    Les Rolling Stones se voient donc contraints d’annuler leur tournée américaine suite à des ennuis de santé de Mick Jagger. « Mick a été averti par les médecins qu’il ne pourra pas poursuivre la tournée, car il a besoin d’un traitement médical. […] Les médecins ont dit à Mike qu’il devait se remettre complètement avant d’espérer pouvoir revenir sur scène le plus tôt possible », a indiqué le groupe dans un communiqué samedi 30 mars.

    De nouvelles dates seront « annoncées très vites ». Le chanteur, âgé de 75 ans, se dit lui-même « dévasté de devoir reporter la tournée ». « Je vais travailler très fort pour revenir sur scène le plus rapidement possible », a-t-il promis sur Twitter.

     

     

    Cette tournée, baptisée « No Filter Us », devait conduire le célèbre groupe de rock dans quinze villes des États-Unis et du Canada, d’avril à juin. « Les billets restent valables pour les dates reprogrammées, qui seront annoncées très vite », promettent les Rolling Stones dans leur communiqué. Un message qui incite à espérer un rétablissement rapide de la star britannique.

     

     

     

  • The Skateboarding Globetrotter 2

     

     

    Quoi de plus représentatif de la cité que le skateboard… Et quand de surcroît c’est fait avec humour et autodérision, c’est encore mieux. 

     

    A l’instar de Rodney Mullen qui posa dans les années 80 les bases du Street, Kyle Matthew Hamilton, vendeur chez Shut Skateboards à New York et amoureux de la planche à roulettes, réalise depuis 2013 une série de vidéos intitulée The Skateboarding Globetrotter, où il enchaîne manuals, slides et autres hand flips dans divers lieux de New York.

    Après nous avoir livré le premier volet de « The Skateboarding Globetrotter » en 2013, Kyle Matthew Hamilton était de retour l’année suivante avec le second opus de ses aventures, « The Skateboarding Globetrotter II », on s’en serait un peu douté… Quant au choix de la pièce « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss, qui ouvrait le film 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, il n’est probablement pas anodin, tant Hamilton semble vouloir mettre ses pérégrinations au coeur d’un espace immense : la ville…

    Et ça n’est pas la tenue intégrale des Knicks de New York arborée par Kyle Matthew Hamilton qui gâchera notre plaisir à suivre ses aventures, car le désuet de sa panoplie n’occulte en rien ses indéniables qualités de freestyler.

     

    [arve url= »https://vimeo.com/102927280″ align= »center » title= »The Skateboarding Globetrotter II » description= »Kyle Matthew Hamilton » maxwidth= »900″ /]

     

     

    Et en prime, enchaînons sur les épisodes I et III.

     

    [arve url= »https://vimeo.com/76749960″ align= »center » title= »The Skateboarding Globetrotter » description= »Kyle Matthew Hamilton » maxwidth= »900″ /]

     

    [arve url= »https://vimeo.com/147779821″ align= »center » title= »The Skateboarding Globetrotter III » description= »Kyle Matthew Hamilton » maxwidth= »900″ /]

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Kyle Matthew Hamilton

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Shut NYC

     

     

     

  • Björk réédite toute sa discographie en cassettes

     

     

    Le 26 avril prochain, l’artiste islandaise Björk va ressortir ses albums mythiques au format cassette, en édition limitée couleur.

     

    La nouvelle ravira les fans inconditionnels de l’iconique Islandaise : Björk a annoncé sur son compte Twitter qu’elle allait rééditer l’ensemble de ses albums studio – hormis son premier essai éponyme, sorti à l’âge de 12 ans – en cassettes. Les mythiques opus « Debut », « Post », « Homogenic », « Vespertine », « Medúlla », « Volta », « Biophilia », « Vulnicura » et « Utopia », déclinés sur ce format à travers une gamme multicolore, seront ainsi disponibles à partir du 26 avril.

     

     

     

    Les cassettes peuvent d’ores et déjà être précommandées, individuellement au tarif de £8.99 (environ 10,50€) et en coffret pour £69.99 (81,50€), sur le shop de One Little Indian Records. Cette annonce fait suite à celle, publiée une semaine auparavant, de la création de tee-shirts vintage à l’effigie de la chanteuse. Ces derniers seront quant à eux disponibles dès le 12 avril prochain.

     

     

     

    Björk présentera sa nouvelle performance live, mêlant musique acoustique et digitale, ce printemps à Manhattan, pour le collectif The Shed.

     

    Source : Gil Colinmaire pour Trax

    Photo à la Une © D.R

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] One Little Indian Shop

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  • Ça C’est du Rock Ep. #01 : « Satisfaction, cinq notes qui ont ébranlé le monde »

     

     

    Découvrez la toute première chronique vidéo de la chaîne YouTube « Ça C’est du Rock », intitulée « Cinq notes qui ont ébranlé le monde, Satisfaction des Rolling Stones », qui nous replonge en 1965, lorsque que « Satisfaction » des Rolling Stones passe du statut de son de l’été à véritable hymne musical de toute une génération…

     

     

     

    « L’histoire du rock, de ses origines, au milieu des années 50, à nos jours, n’a cessé d’apporter à chacun de ses moments-clefs une brique de plus à l’édifice imposant qui était en train de se construire. »

     

    Dans cet épisode #01 de la saga « Ça C’est du Rock », Jo Valens revient sur « l’une de ces petites histoires qui font la grande ». En 1965, « Satisfaction » est le premier single des Stones à s’immiscer à la première place des Charts anglais et américains, et devient vite le son de l’été 65…

     

     

     

    « Keith Richards est obsédé par cette phrase à double négation tirée du Thirty Days de Chuck Berry. »

     

    Tandis que les Beatles finissent d’enregistrer leur album « Help » et n’ont toujours pas sorti de titre réellement contestataire comme ils le feront par la suite, « Satisfaction », quant à elle, devient la chanson la plus subversive de son temps et sera même considérée comme le symbole d’une jeunesse américaine désabusée et enrôlée dans les guerres de ses aînés.

    La puissance de « Satisfaction » réside en seulement trois petites notes de guitare, mais quelles notes ! Trois accords de génie repris dans tous les styles, à tous les tempos, dans tous les pays et depuis plus de 50 ans. Ce sont les notes les plus célèbres du monde…

     

    [youtube id= »YZP4MUUwvzw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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  • Soundbreaking : La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

     

    Enregistrer la musique : une passionnante aventure artistique et technologique de plus d’un siècle dont Soundbreaking raconte en six heures les plus belles pages, avec la participation de tous les grands noms de la musique populaire et sur une bande-son d’anthologie.

     

    Passionnante aventure artistique et technologique, la mise au point de l’enregistrement de la musique s’est déroulée sur plus d’un siècle.

    Avènement du multipistes, rôle du producteur, rendu de la voix, révolution numérique… Sur une bande-son d’anthologie, « Soundbreaking » (titre qui joue sur les mots « sound » et « groundbreaking », en français « révolutionnaire » ou « novateur ») raconte les plus belles pages de cette épopée, avec la participation de grands noms de la musique, d’Elton John à Catherine Ringer, de Christina Aguilera à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead.

    Diffusée en novembre 2016 sur la chaîne américaine PBS, la passionnante série documentaire française « Soundbreaking » rend donc hommage aux grands producteurs et autres hommes de l’ombre des studios d’enregistrement. Arte proposait en février 2017 les épisodes de cette fascinante saga comprenant des entretiens avec plus de 150 musiciens et artistes, dont Nile Rodgers, Quincy Jones, Questlove, Jimmy Jam et Chuck D. et de nombreuses images d’archives. Dans le premier épisode d’une série de six rendez-vous de 52 minutes, Stevie Wonder est également salué en compagnie de ses producteurs Malcolm Cecil et Bob Margouleff, co-auteur des révolutionnaires « Talking Book » et « Innervisions ».

    En six épisodes, « Soundbreaking » retrace ainsi la formidable épopée artistique et technologique de la musique.

     

    Soundbreaking – La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

    La technique du sampling, qui consiste à prélever un échantillon d’une composition musicale pour l’insérer dans une nouvelle, souvent en boucle, représente certainement le plus grand bouleversement qu’ait connu la musique ces quarante dernières années.

    Présent dans le dub jamaïcain, le funk et le disco, le sampling est d’abord l’œuvre des musiciens de hip-hop. Acteurs majeurs de cette révolution, Afrika Bambaataa, Darryl McDaniels, Run-D.M.C., Chuck D, Public Enemy, Adam Horovitz, Beastie Boys, RZA, Wu-Tang Clan, ou encore Akhenaton défendent ici cette pratique, presque impossible aujourd’hui, l’industrie musicale la considérant comme du vol. Pourtant, au-delà du hip-hop, d’autres artistes la plébiscitent, comme Jean-Michel Jarre ou Moby, qui témoignent également.

     

    [youtube id= »F1q-jenSB40″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [arve url= »https://www.dailymotion.com/video/x5txyzl » align= »center » title= »Soundbreaking 6/6 – La grande aventure de la musique enregistrée : Générations Sample (2017) » description= »Soundbreaking » maxwidth= »900″ /]

     

     

    Fiche Technique :

    Auteurs : Maro Chermayeff,  Romain Pieri
    Réalisation : Christine Le Goff
    Producteurs : Ma Drogue A Moi, Show Of Force
    Coproducteur : ARTE France