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A deux pas de la Rotonde et du Cours Mirabeau, à Aix-en-Provence, l’exposition « Turner et la Couleur » réunit une centaine d’oeuvres du peintre anglais William Turner.

 

« Le peintre de la lumière », comme on l’a surnommé, est sans doute l’un des plus grands peintres paysagistes du 19ème siècle. Avant-garde du mouvement impressionniste, il peint des milliers d’aquarelles et d’huiles où la couleur prend une place centrale.

« Turner démarre une carrière de peintre très jeune. C’est le fils d’un barbier. Il va commencer par suivre des cours de peinture, pour finalement intégrer la Royal Academy à seize ans, et sera académicien à 21 ans. C’est ce qu’on appelle un prodige de la peinture. » (Sophie Aurant-Hevanessian, directrice de la programmation culturelle de l’Hôtel de Caumont).

L’enfant prodige est aussi un très grand voyageur. A partir de 1802, il se rend en Europe plus d’une vingtaine de fois, en France, en Suisse, en Italie et tout autour de la Méditerranée, où il observe la lumière. « C’est quelqu’un qui a une excellente mémoire visuelle, la mémoire des couleurs, en particulier. Non seulement il prend des repères topographiques des paysages qu’il découvre, mais il note les détails des couleurs, les détails de relief… ».

Lorsque Turner meurt, on retrouve plus de trois mille carnets de croquis, dans lesquels il reproduisait au crayon les lieux qu’il avait visités, parfois avec une précision incroyable. Mais le plus souvent, ils étaient simplement esquissés. Il inscrivait le nom des couleurs, et de retour dans son atelier, ses notes lui suffisaient pour reproduire ce qu’il avait vu.

Au début du 19ème, de nouveaux pigments de couleur sont inventés ; le Bleu de Cobalt, le Rouge Vermillon, le Jaune Chrome. Turner a été un des premiers artistes à utiliser ces pigments, et il ne pourra plus s’en passer. A partir des années 1810, il les emploiera tellement, en particulier les jaunes, qu’on dira de lui qu’il avait la fièvre jaune. Ce jaune qui est devenu peu à peu une caractéristique de ses toiles.

C’est aussi l’époque où les premières études sur la couleur sont publiées. « Newton découvre qu’à travers la lumière se découpe un prisme chromatique, avec les couleurs primaires, le jaune, le bleu et le rouge. Goethe dit que non seulement on note ce premier prisme chromatique, mais qu’on découvre aussi un prisme complémentaire, qui va du jaune au bleu, en passant par le pourpre et le vert. A travers ces études sur la couleur, Turner va découvrir les assemblages infinis de ces couleurs. Il va donc expérimenter à travers ses aquarelles, dans lesquelles on peut découvrir des dégradés de couleurs absolument vertigineux ».

Dans une série d’aquarelles consacrée à Marseille, très rarement exposée, Turner travaille littéralement la couleur. Il y fait des expérimentations, en utilisant plusieurs couleurs qu’il travaille pour représenter le Fort Saint-Jean de Marseille. Il utilise un motif précis pour jouer avec différentes couleurs, et ces aquarelles soulignent ces lumières chaudes de l’été qu’il affectionnait particulièrement.

Toute sa vie, Turner sera très critiqué par ses contemporains. Et il régnait une incompréhension certaine quant à l’emploi peut-être excessif de la couleur. On parle « des folies de Turner », ces formes dissoutes et abstraites si éloignées de ce qui se faisait à l’époque. Et bien-sûr, toujours ces couleurs et cette lumière presque éblouissantes, qui font de Turner un peintre moderne.

Dans les années 1870, Pissarro et Monet feront le voyage en Angleterre, pour y étudier les oeuvres de Turner. Car son influence est indéniable. C’est d’ailleurs troublant à quel point la peinture de Turner préfigure l’impressionnisme. Son toucher subtil, l’emploi à outrance de certaines couleurs et ces formes diluées nous indiquent que nous ne sommes ni dans le réalisme ni dans le naturalisme, mais déjà dans le courant pictural qui marquera définitivement la rupture entre peinture académique et art moderne.

A découvrir à l’Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence), jusqu’au 18 septembre 2016…

 

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